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L'enlèvement de Cédrika* ou le problème du mal
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À l'occasion du premier anniversaire de la disparition de la petite Cédrika Provencher de Trois-Rivières, une grave question abordant le problème du mal a été soumise à la communauté des Pauvres de Saint-François. La question se fait d'autant plus pressante que le mal a été fait à l'endroit d'une enfant. C'est la foi qui nous donne la certitude que Dieu, dans sa Providence toute-puissante, peut tirer un bien des conséquences d'un mal, même moral, causé par ses créatures. Voici donc la question posée et la réponse donnée.
 

Sommaire
Question
Réponse

Le scandale du mal ou le mystère de l'impiété
Le mystère chrétien
La réponse au mal
Dieu peut tirer le bien même du mal
L'exemple de Joseph dans l'Ancien testament
L'exemple d'une sainte de notre temps
En résumé
Recommandations et voeux
Souhait final

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* Cédrika Provencher a été vue pour la dernière fois le 31 juillet 2007. Elle portait un maillot de bain de marque Roots, des sandales de plage arborant le mot Love, une robe d'été verte, un casque de vélo bourgogne, une montre rose Timex et au cou, une petite clé avec des imprimés de coccinelles.

 
Question

Bonjour.
Dans un premier temps, je tiens à vous remercier pour vos prières, vous qui travaillez pour les pauvres pécheurs que nous sommes. Aujourd'hui, c'est le triste anniversaire de la disparition de Cédrika, et j'ai pensé à vous qui savez peut-être ce que le Seigneur veut nous apprendre sur cette malheureuse affaire. Que faut-il penser des rapts d'enfants? Le Seigneur Dieu et Jésus, pourquoi laissent-ils ces drames se produire? Mes questions sont dictées sous le pouvoir d'une impuissance, de celle des parents et de ceux qui les aiment très fort. Faire la volonté du Seigneur, c'est traverser des passages bien tragiques et le courage n'est pas toujours au rendez-vous. En tout cas, Cédrika c'est insurmontable, à part un miracle. Aidez-moi, Fils de David, ayez pitié des pauvres humains dans leur manque d'assurance, de certitude, de foi. On revient toujours sur le même sujet, que voulez-vous! Voulez-vous essayer de me convaincre que l'amour divin est présent dans le destin de cette petite fille si pleine de vie? Que le Seigneur vous bénisse de me lire aujourd'hui. Je pense à vous.

 
Réponse

Chère madame,
Que la grâce de la paix demeure en votre cœur et vous donne de vous abandonner toujours avec confiance entre les mains de notre Seigneur. Qu'il daigne vous accorder sa lumière et sa force pour vivre sereinement l'épreuve du questionnement qui vous tiraille.


LE SCANDALE DU MAL OU LE MYSTÈRE DE L'IMPIÉTÉ

Votre question nous met en face d'un mystère, le mystère du mal à l'œuvre dans le monde: "Pourquoi le Seigneur le permet-il, lui qui est tout-puissant, lui qui pourrait l'empêcher?"
Sachez que le Seigneur n'a donné permission à aucun homme de faire le mal: lorsque celui-ci l'accomplit, il le fait à l'encontre de ses commandements, à l'encontre de sa volonté et de son dessein d'amour sur chacun de ses enfants. Il le fait à l'instigation du démon qui le premier s'est rebellé contre Dieu en refusant de le servir.
C'est une bien triste affaire, en effet, que la disparition de Cédrika (Provencher), et qui nous confronte au mystère du mal à l'œuvre dans le monde et dans nos propres vies.
Pourquoi un enfant de Dieu, créé à l'image de Dieu, est-il capable d'une telle injustice: l'enlèvement d'une toute jeune fille? Pourquoi quelqu'un est-il capable tout à coup de se comporter comme un démon et d'être la cause d'autant de souffrances? Lui qui a été créé libre, comment se fait-il qu'il puisse choisir de faire le mal et de devenir prisonnier du mal, et de se rendre ainsi ennemi de son Père et Créateur?
C'est ce que saint Paul appelle "le mystère de l'impiété" (2 Th 2, 7) qui est à l'œuvre dans le monde et jusque dans nos propres vies. C'est pourquoi l'Apôtre s'écrie: "Je ne fais pas le bien que je voudrais faire, et je fais le mal que je ne veux pas faire" (Rm 7, 19). Oui, elle est grande la blessure causée par le péché de nos premiers parents Adam et Ève, blessure dont est marquée toute leur descendance de même que toute la création.
Pourquoi des enfants de Dieu marqués du sceau du baptême choisissent-ils de délaisser leur Dieu, Créateur et Sauveur? Pourquoi toute notre société se retrouve-t-elle aujourd'hui avec un score de 4% de pratique religieuse? Pourquoi les commandements du Seigneur sont-ils bafoués les uns après les autres sur la place publique? Pourquoi le cœur de tout un peuple est-il tout entier tourné vers les choses de la terre et les plaisirs du moment? On ne trouve pas de réponse satisfaisante à ce questionnement en se fiant uniquement à notre raison humaine. De fait, on n'a pas à demander des comptes à Dieu, mais on a toutes les raisons du monde de se frapper la poitrine, de s'humilier profondément et de prier comme des petits et des humbles, car tous nous avons besoin de l'amour de Dieu et de son salut. (HAUT)

 

LE MYSTÈRE CHRÉTIEN

La réponse du Seigneur à ce grand mystère du mal a été l'envoi de son Fils unique et bien-aimé qui a porté sur lui les fautes du monde entier. Lui le Juste qui n'avait jamais péché a été traité avec injustice, lui qui n'avait fait que du bien a reçu l'ingratitude, lui qui a guéri les malades a été blessé dans son corps, flagellé, humilié, déshonoré et traité avec dureté.
En lisant l'Évangile, on voit que Jésus lui-même a souffert cette injustice. On réalise que Jésus, "le seul Juste", le propre Fils de Dieu, a lui-même en sa personne été victime d'un enlèvement. Il a souffert cette injustice à cause de nous et par amour pour nous. Après la dernière Cène, il prit avec courage le chemin du Jardin des oliviers avec ses Apôtres, alors qu'il savait très bien que Judas viendrait l'y rejoindre avec toute une cohorte de soldats romains et de gardes du Temple qui avaient ordre de se saisir de lui en cachette, dans la nuit. Se saisir de Jésus! Intenter un procès à Jésus! Et non pas un, mais deux procès: l'un devant le Sanhédrin, l'autre devant Pilate, le gouverneur romain. Il sera bafoué, flagellé, "couvert de crachats", puis crucifié et "exposé" ainsi à la face de l'univers.
"Or, dit le prophète Isaïe, c'étaient nos souffrances qu'il supportait et nos douleurs dont il était accablé… Il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasé à cause de nos crimes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et c'est grâce à ses plaies que nous sommes guéris" (Is 53, 4-5). L'enlèvement de Cédrika, Jésus l'a vécu, Jésus l'a souffert et assumé en sa propre personne, en expiation pour le péché des hommes et pour notre salut éternel.
Ce Jésus qui a souffert est devenu pour tous les hommes la source du salut éternel, pour ceux qui se convertissent et se tournent vers lui. Il est venu réparer le gâchis des hommes et justifier ceux qui étaient coupables.
La vie de Jésus nous enseigne que notre vie ne se limite pas à la vie présente mais que nous sommes appelés à la vie éternelle. Ceux qui comme le Christ passent par les souffrances de l'injustice, de l'humiliation, du mépris, de la haine et même de la mort connaîtront avec lui la gloire de sa Résurrection dans laquelle il n'y a plus de peine ni de larmes, mais un bonheur sans fin.
Si le but de la vie avait été sur la terre, notre Seigneur qui est la Sagesse incarnée serait demeuré sur la terre pour toujours, mais il nous a dit plutôt que notre véritable demeure est dans les cieux.
Pour ceux qui font le mal et qui jusqu'à la fin refusent de se convertir, il y aura un jugement car Dieu qui est infiniment juste ne laissera pas impuni les iniquités. Il donne cependant à tout homme la grâce de se convertir durant qu'il est sur la terre, c'est ce qu'on appelle "le temps de la miséricorde". C'est la raison pour laquelle il faut prier pour ceux qui sont les auteurs de crimes pour qu'ils aient le courage de se tourner vers Dieu pour demander pardon de leurs fautes et qu'ils ne cèdent pas au désespoir que leur inspire le diable face à leurs crimes.
Les personnes les plus à plaindre sont celles qui commettent le mal et qui par conséquent deviennent des esclaves de Satan dont ils accomplissent les œuvres. La bonne nouvelle, c'est que Jésus est venu pour détruire ces œuvres de mal par sa vie donnée et par sa Passion. Notre prière doit donc être constante pour ceux qui commettent le mal afin qu'ils se convertissent et qu'ils trouvent la paix et le pardon et deviennent ainsi des artisans de paix.
Pour ceux qui sont les victimes de ces injustices abominables, nous devons être pleins de compassion, pleins de foi pour leur porter le secours humain et spirituel dont ils ont besoin, car ils participent par leurs souffrances à la Passion du Christ qui est renouvelée en eux, victimes de la malice d'autrui. Saint Paul nous dit dans son épître: "Tout concourt au bien pour ceux qui aiment Dieu"; dans la foi, nous sommes certains que Dieu tirera un grand bien de cette épreuve afin que les cœurs de pierre deviennent des cœurs de chair.
Pour Cédrika, nous devons continuer à prier pour elle, certains que par la foi nous sommes en communion avec elle et que nos prières lui sont utiles pour lui donner, force, consolation et support, peu importe ce qu'elle vit actuellement. (HAUT)

 

LA RÉPONSE AU MAL

Chère madame, que votre cœur se tourne donc vers le Christ Jésus, le Fils de Dieu venu en notre monde, et que votre regard se porte vers le côté transpercé de Jésus, l'Amour crucifié, et "contemplez, comme dit la parole de Dieu, contemplez Celui que nous avons transpercé" par nos péchés (Jn 19, 37), car c'est de lui que viennent la lumière, la force et le courage, l'espérance et la justice. La justice, car il est lui seul le Juge suprême venu dans le monde pour enseigner la justice et nous apprendre à vivre comme des justes, dans la justice. Et c'est lui qui au dernier Jour fera justice et qui se fera lui-même le consolateur de tous ceux qui auront pleuré à cause des injustices, et qui rassasiera de ses bienfaits ineffables tous les affamés et les assoiffés de justice. Heureux ceux et celles qui auront veillé et prié et gardé leurs lampes allumées en attendant le Retour du Maître de toute justice.
Vous cherchez à comprendre le pourquoi de l'enlèvement de Cédrika, le pourquoi d'un drame si gratuit, si pénible, si lourd de souffrance et de déboussolement? - Il ne peut se comprendre qu'en Jésus Christ qui a voulu lui-même être enlevé et condamné. "Jésus sortit de la ville portant lui-même sa croix! Or, c'étaient nos souffrances qu'il portait, nos péchés dont il était accablé." Lui la Vie a été mis à mort pour vaincre la mort par sa Résurrection au matin de Pâques. Heureux ceux qui en cette vie sont admis à boire à la coupe du Christ et à communier à ses souffrances en leur corps ou en leur âme: ils communieront aussi à la gloire de sa Résurrection. Heureux ceux qui marchent à la suite du Christ Jésus, mettant en pratique sa Parole et se gardant de tout péché et de tout mal: ils vivent déjà en ressuscités sur cette terre, et leur paix et leur joie, nul ne peut les leur ravir.
Ainsi, la réponse au mal, à ce mystère de l'iniquité, doit être pour nous-mêmes un engagement ferme à vivre avec le Christ Sauveur, un engagement à marcher à sa suite pour détruire par notre vie "les œuvres du diable" et à être lumière pour le monde.
S'arrêter à considérer "l'horreur du mal commis" sans prendre pour nous-mêmes un engagement entier de combattre le mal qui est en nous serait nous leurrer nous-mêmes et perdre une occasion unique de travailler à la réconciliation du monde. (HAUT)

DIEU PEUT TIRER LE BIEN MÊME DU MAL

Les événements tragiques qui se produisent dans nos vies nous rappellent notre fragilité et combien nous ne sommes que de passage sur cette terre d'exil, en cette vallée de larmes où nous attendons et espérons un bonheur qui n'aura pas de fin.
Ces épreuves nous rappellent que près de la crèche de Jésus se trouve déjà la croix sur laquelle le Sauveur a donné sa vie pour nous.
En effet, dans le récit de la naissance de Jésus qu'on lit dans les saints Évangiles, on voit que cette très grande joie pour tout le peuple est bientôt assombrie par le massacre des saints Innocents, premières victimes à offrir leur vie et leur sang pour l'avènement du Royaume des cieux.
Il est important de se rappeler que l'amour de Dieu est infini et qu'au-delà des événements tristes et insurmontables à nos yeux humains, Dieu, lui, a un dessein d'amour pour chacun et prépare pour chacun une place en son Royaume.
C'est pourquoi, dans toutes les épreuves de la vie, nos cœurs doivent s'incliner et souffrir avec patience jusqu'à l'heure de la délivrance. Nous ne devons pas accuser le Seigneur ni nous révolter ni nous endurcir. Nous devons prier avec confiance, constance et persévérance, et nous rappeler que le Seigneur peut tirer le bien même du mal. (HAUT)

 

L'EXEMPLE DE JOSEPH DANS L'ANCIEN TESTAMENT

Cette vérité de notre foi nous est magnifiquement illustrée, dans l'Ancien Testament, par le drame vécu dans la famille de Jacob, le père des 12 patriarches (au livre de la Genèse, chapitre 37 et suivants).
Jacob aimait d'un amour de prédilection Joseph, le plus jeune de ses fils, car il était le fils de sa vieillesse et la grâce de Dieu reposait sur lui. Il n'en fallait pas plus pour faire grandir dans le cœur de ses frères une jalousie telle qu'ils résolurent de le tuer. Ils allaient mettre à exécution leur crime quand l'un d'eux intervint en faveur de Joseph: "Vendons-le plutôt à ces marchands qui s'en vont en Égypte, et nous dirons à notre père Jacob qu'une bête sauvage l'a dévoré." Quelle malice! Et quelle douleur dans le cœur du vieux père!
Ils le vendirent donc à ces marchands qui le vendirent à leur tour comme esclave à Potiphar, commandant des gardes de Pharaon. Au service de Potiphar, le Seigneur bénissait tout ce qu'entreprenait Joseph; aussi son maître fit-il de lui son homme de confiance. Mais il arriva que la femme de Potiphar jeta sur Joseph des yeux adultères. "Couche avec moi", dit-elle. Joseph répondit: "Comment pourrai-je trahir la confiance de mon maître? Comment pourrai-je pécher aussi grandement contre mon Dieu?" Pleine de dépit, elle l'accusa d'avoir tenté de la séduire. Le cœur de son mari s'embrasa de colère contre Joseph qu'il fit jeter en prison. Mais la bénédiction du Seigneur était sur Joseph: il trouva grâce auprès du geôlier qui lui confia la responsabilité de tous les détenus.
Il arriva que Pharaon eut un songe et aucun sage de son royaume ne pouvait l'interpréter: il avait vu dans son sommeil 7 vaches grasses dévorées soudain par 7 vaches maigres! Mystère! On apprit au roi qu'un certain prisonnier hébreu savait, lui, dénouer l'énigme des songes. Joseph parut devant le roi et lui dit: "Je ne compte pas, c'est Dieu qui donne au roi l'explication: le Seigneur te révèle que les 7 prochaines années seront des années d'abondance, qui seront suivies de 7 années de famine." Ébahi par tant de sagesse, Pharaon fit de Joseph le surintendant de son royaume avec mission de gérer la crise qui venait.
La famine fit rage par toute la terre. Aussi Jacob envoya-t-il ses fils en Égypte se procurer des vivres. Ils s'amenèrent donc devant le grand intendant de Pharaon et se prosternèrent devant lui. Joseph reconnut aussitôt ses frères mais feignit de leur être étranger; il les traita sèchement, avec dureté même. Entrant alors en eux-mêmes, ils se dirent l'un à l'autre: "En vérité, nous expions ce que nous avons fait à notre frère: nous avons vu la détresse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous n'avons pas écouté. C'est pourquoi cette détresse nous est venue." Joseph, pourtant, les combla de vivres et de bienfaits et finalement, n'en pouvant plus, se fit reconnaître: "Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu en Égypte! Mon père vit-il encore?"
Ainsi, le vieux Jacob recouvra son fils Joseph que Dieu avait élevé par un chemin tortueux et douloureux jusqu'aux marches du trône d'Égypte, pour sauver de la famine toute sa famille de même qu'une multitude. Le repentir des frères n'eut d'égal que le pardon magnanime de Joseph.
Cet émouvant récit est un magnifique portrait du cœur humain, capable du meilleur et du pire, et du Cœur de Dieu qui veille sur chacun et chacune, tel un bon père, avec une tendresse de mère, attentif à les conduire, à les instruire, à les purifier, à les amener au repentir, à la contrition et au pardon des offenses, se servant même de leurs crimes pour les rapprocher de lui.
C'est en effet un grand bienfait que l'épreuve dans nos vies humaines, même si nous n'en percevons pas de prime abord la valeur inestimable. Pourtant, les fils et filles de Dieu que le Seigneur mûrit par l'épreuve acquièrent la sagesse, la justice et la paix du coeur. "Avant d'être éprouvé, je m'égarais, dit le Psalmiste, j'allais à la dérive; mais maintenant, j'observe tes volontés et elles font la joie de mon cœur." (HAUT)

 

L'EXEMPLE D'UNE SAINTE DE NOTRE TEMPS

Voici l'histoire récente de l'Africaine Joséphine Bakhita, canonisée par le Pape Jean-Paul II, telle que racontée par le pape Benoît XVI.
"Elle était née vers 1869 - elle ne savait pas elle-même la date exacte - dans le Darfour, au Soudan. À l'âge de neuf ans, elle fut enlevée par des trafiquants d'esclaves, battue jusqu'au sang et vendue cinq fois sur des marchés soudanais. En dernier lieu, comme esclave, elle se retrouva au service de la mère et de la femme d'un général, et elle fut chaque jour battue jusqu'au sang; il en résulta qu'elle en garda pour toute sa vie 144 cicatrices. Enfin, en 1882, elle fut vendue à un marchand italien pour le consul italien Callisto Legnani qui, face à l'avancée des mahdistes, revint en Italie. Là, après avoir été jusqu'à ce moment la propriété de "maîtres" aussi terribles, Bakhita connut un "Maître" totalement différent - dans le dialecte vénitien, qu'elle avait alors appris, elle appelait "Paron" le Dieu vivant, le Dieu de Jésus Christ.
Jusqu'alors, elle n'avait connu que des maîtres qui la méprisaient et qui la maltraitaient, ou qui, dans le meilleur des cas, la considéraient comme une esclave utile. Cependant, à présent, elle entendait dire qu'il existait un "Paron" au-dessus de tous les maîtres, le Seigneur des seigneurs, et que ce Seigneur était bon, la bonté en personne. Elle apprit que ce Seigneur la connaissait, elle aussi, qu'il l'avait créée, elle aussi - plus encore qu'il l'aimait. Elle aussi était aimée, et précisément par le "Paron" suprême, face auquel tous les autres maîtres ne sont, eux-mêmes, que de misérables serviteurs. Elle était connue et aimée, et elle était attendue. Plus encore, ce Maître avait lui-même personnellement dû affronter le destin d'être battu et maintenant il l'attendait "à la droite de Dieu le Père". Désormais, elle avait une "espérance" - non seulement la petite espérance de trouver des maîtres moins cruels, mais la grande espérance: je suis définitivement aimée et quel que soit ce qui m'arrive, je suis attendue par cet Amour. Et ainsi ma vie est bonne. Par la connaissance de cette espérance, elle était "rachetée", elle ne se sentait plus une esclave, mais une fille de Dieu libre. Elle comprenait ce que Paul entendait lorsqu'il rappelait aux Éphésiens qu'avant ils étaient sans espérance et sans Dieu dans le monde - sans espérance parce que sans Dieu. Aussi, lorsqu'on voulut la renvoyer au Soudan, Bakhita refusa-t-elle; elle n'était pas disposée à être de nouveau séparée de son "Paron". Le 9 janvier 1890, elle fut baptisée et confirmée, et elle fit sa première communion des mains du Patriarche de Venise. Le 8 décembre 1896, à Vérone, elle prononça ses vœux dans la Congrégation des Sœurs canossiennes et, dès lors - en plus de ses travaux à la sacristie et à la porterie du couvent -, elle chercha surtout dans ses différents voyages en Italie à appeler à la mission: la libération qu'elle avait obtenue à travers la rencontre avec le Dieu de Jésus Christ, elle se sentait le devoir de l'étendre, elle devait la donner aussi aux autres, au plus grand nombre de personnes possible. L'espérance, qui était née pour elle et qui l'avait "rachetée", elle ne pouvait pas la garder pour elle; cette espérance devait rejoindre beaucoup de personnes, elle devait rejoindre tout le monde." (Lettre encyclique Spe salvi, "dans l'espérance nous sommes sauvés", 3)
Nous ouvrir à la connaissance de Dieu, écouter sa Parole et la mettre en pratique, voilà le bouclier qui nous permet de traverser ce monde sans trébucher, sans être entraînés dans cette spirale du mal. (HAUT)

 

EN RÉSUMÉ

À cette question troublante de l'existence de la divine Providence et du scandale du mal, voici la réponse apportée par le Catéchisme de l'Église catholique:
"Si Dieu le Père tout-puissant, Créateur du monde ordonné et bon, prend soin de toutes ses créatures, pourquoi le mal existe-t-il? À cette question aussi pressante qu'inévitable, aussi douloureuse que mystérieuse, aucune réponse rapide ne saura suffire. C'est l'ensemble de la foi chrétienne qui constitue la réponse à cette question: la bonté de la création, le drame du péché, l'amour patient de Dieu qui vient au-devant de l'homme par ses alliances, par l'Incarnation rédemptrice de son Fils, par le don de l'Esprit, par le rassemblement de l'Église, par la force des sacrements, par l'appel à une vie bienheureuse à laquelle les créatures libres sont invitées d'avance à consentir, mais à laquelle elles peuvent aussi d'avance, par un mystère terrible, se dérober. Il n'y a pas un trait du message chrétien qui ne soit pour une part une réponse à la question du mal." (CEC, 309). (HAUT)

 

RECOMMANDATIONS ET VŒUX

Souvenez vous que Dieu régit ciel et terre avec sagesse, amour et bonté.

1- Sa Providence ne se trompe jamais en ses desseins bienveillants pour tout homme.
2- Ses jugements sont vérité, équitables toujours.
3- Dans sa puissance, il tire le bien même du mal.

Je n'ai pas cherché à travers ces réflexions à vous "convaincre". Cela est le travail de la grâce en vous. On ne donne pas la foi à quelqu'un à coups d'arguments. La grâce est donnée en Jésus Christ et par Jésus Christ à tout homme de bonne volonté, à celui, à celle qui lui ouvre humblement son cœur. Le Royaume des cieux appartient aux tout-petits et à ceux qui leur ressemblent. Puissiez-vous comme une toute-petite ouvrir votre cœur à Jésus afin que sa grâce vous travaille librement et vous établisse fermement dans sa lumière et dans sa paix.
Je vous ai dit ces choses afin que la joie du Christ Jésus soit en vous et que cette joie sereine et mystérieuse fasse de vous un apôtre et un témoin du Ressuscité dans votre milieu, pour le plus grand bien de votre prochain. Gardez espérance dans les promesses du Seigneur, il a promis qu'il serait avec nous jusqu'à la fin du monde. Gardez courage, la Providence n'a pas dit son dernier mot. (HAUT)

 

SOUHAIT FINAL

Ici, les frères prient pour vous et vous confient à la miséricorde du Christ et à la tendresse de sa Mère, la bienheureuse Vierge Marie.
Chère madame, je demande au Seigneur qu'il vous bénisse et vous accorde la grâce de persévérer dans la foi et d'être par votre vie un appel à la réconciliation et à l'amour qui va jusqu'à donner sa vie pour ceux que l'on aime.

F. Jacques Roy, berger
Les Pauvres de Saint-François

Le 2 août 2008

. (HAUT)